Apollinaire, les colchiques
À la fin tu es las de ce monde ancienBergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matinTu en as assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaineIci même les automobiles ont l’air d’être anciennesLa religion seule est restée toute neuve la religionEst restée simple comme les hangars de Port-AviationSeul en Europe tu n’es pas antique ô ChristianismeL’Européen le plus moderne c’est vous Pape Pie XEt toi que les fenêtres observent la honte te retientD’entrer dans une église et de t’y confesser ce matinTu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout hautVoilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journauxIl y a les livraisons à 25 centimes pleines d’aventures policièresPortraits des grands hommes et mille titres diversJ’ai vu ce matin une jolie rue dont j’ai oublié le nomNeuve et propre du soleil elle était le claironLes directeurs les ouvriers et les belles sténo-dactylographesDu lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passentLe …afficher plus de contenu…
Araminte. Vous donner mon portrait ! songez-vous que ce serait avouer que je vous aime ? Dorante. Que vous m’aimez, madame ! Quelle idée ! qui pourrait se l’imaginer ? Araminte, d’un ton vif et naïf. Et voilà pourtant ce qui m’arrive. Dorante, se jetant à ses genoux. Je me meurs ! Araminte. Je ne sais plus où je suis. Modérez votre joie ; levez-vous, Dorante. Dorante, se lève, et dit tendrement. Je ne la mérite pas, cette joie me transporte, je ne la mérite pas, madame. Vous allez me l’ôter ; mais n’importe ; il faut que vous soyez instruite. Araminte, étonnée. Comment ! que voulez-vous dire