Le sujet ne concerne pas précisément les apparences que nous livrent nos sens, mais les apparences en général. Il y a aussi des apparences pour la pensée. Le sujet demande d’examiner la relation entre les apparences en général et le fait de tromper : l’essence même des apparences est-elle la tromperie ? Les apparences sont trompeuses car subjectives et ne reposant que sur la perception individuelle. Le problème est alors de savoir si l’on peut vraiment sortir de cette vision subjective de la réalité. Si on ne le peut, c’est qu’on n’a jamais affaire qu’à des apparences (c’est la thèse des sceptiques). Ainsi, Montaigne écrit : "Les yeux humains ne peuvent apercevoir les choses que par les formes de leur connaissance". Mais, dans ce cas, comment savoir si elles sont vraiment trompeuses ou non ? En effet, on ne peut le savoir qu’en comparant les apparences à la vérité. Mais comment connaît-on la vérité ? On ne la connaît que dans la mesure où, elle aussi, nous apparaît et se montre à nous. On voit ici le problème du sujet : comment est-il possible que l’apparence puisse montrer et cacher à la fois ? Les deux citations suivantes permettront de bien voir les enjeux du sujet : "Mais le philosophe connaît la vérité ? Oui, certes, mais, de cette vérité, il n’obtient jamais l’absolue garantie, car il ne peut aller au-delà de l’évidence, c’est-à-dire de ce qui lui semble." (M. Conche, Vivre et philosopher, PUF, p. 115). "Quelle évidence départagera les évidences ? Comment distinguer ce qui est vrai de ce qui n’a que l’apparence de l’être puisque le vrai ne se reconnaît qu’à l’apparence qu’il a de l’être ? […] La certitude qu’il y a des certitudes de droit n’est jamais qu’une certitude de fait ; mais, par là même, il n’y a plus que des certitudes de faits, et il convient de suspendre son jugement au sujet de leur valeur. […] Pensant connaître le vrai et atteindre le réel, nous n’atteignons en fait que nous-mêmes. […] A quelque vérité que je songe, je ne puis éviter qu’en