Apprentissage
Introduction
"Philosopher, c'est apprendre à mourir" nous dit Montaigne. Plus largement, on serait en droit de se demander si la philosophie dans son ensemble n'a pas trait à l' "apprendre" tout court. Que serait-ce alors qu'apprendre ? Est-il possible de répondre à la question de manière univoque, tant il est vrai que le terme paraît renvoyer à une pluralité de domaines, et qu'apprendre une leçon, apprendre à lire ou apprendre à aimer sont des expressions qui paraissent renvoyer à des réalités toutes différentes ?
Étymologiquement, "apprendre" aurait pour origine le latin "apprehendere" qui signifie saisir ou prendre. Il y aurait donc dans le fait d'apprendre une certaine forme d'appropriation, de prise de possession. Cependant, l'étymologie ne paraît nous livrer qu'un aspect tronqué de ce que signifie apprendre. En effet, apprendre c'est certes acquérir une connaissance ou un savoir-faire, mais c'est aussi enseigner, c'est-à-dire faire acquérir une connaissance ou un savoir-faire. Le fait d'apprendre ne serait donc pas à sens unique, mais traduirait plutôt un double mouvement entre un maître et son élève (ou son apprenti). Ne faudrait-il pas dès lors confronter le terme "apprendre" à des termes qui lui sont proches, comme enseigner, instruire ou étudier afin de mieux cerner ce double mouvement dans ce qu'il a de particulier ?
Quoiqu'il en soit, l'acte d'apprendre semble fondamentalement lié au problème de la connaissance, et corrélativement à celui de l'ignorance. Or, si apprendre c'est chercher ou s'efforcer de connaître, il semble indispensable de rendre compte des modalités de l'apprentissage si l'on veut découvrir ce qui fait la nature propre de tout "apprendre". Pour cela, il sera nécessaire de l'envisager autant d'un point de vue heuristique que pédagogique, et par conséquent le comprendre aussi bien dans sa dimension purement cognitive que dans sa dimension sociale ou culturelle.
Dans un premier temps, nous nous