Architecture Et Utopie
La villa Savoye de Le Corbusier
La villa est la parfaite illustration de la théorie des cinq points d'une architecture moderne formulée par Le Corbusier en 1927 pour théoriser les principes fondamentaux du Mouvement moderne : les pilotis, les toits-jardins, le plan libre, la fenêtre en longueur et la façade libre.
La pensée utopique entretient des liens étroits avec l'histoire de l'architecture et de l'urbanisme. Ces liens sont très anciens, puisqu'on s'accorde à considérer Platon comme le premier représentant du courant utopique.
Dans son ouvrage la République, le philosophe grec décrit une organisation urbaine qui représente le prototype de toutes les villes idéales. La société est fondée sur la notion d'égalitarisme strict, dont l'architecture donne fidèlement l'image : rues rectilignes et identiques, habitations semblables, trame géométrique de l'ensemble.
Le premier modèle de cité idéale abstrait et contraignant est proposé ; dès lors, à certaines périodes de l'histoire, dans des contextes déterminés, va resurgir cette quête d'une organisation parfaite de la société et de l'espace où elle vit et qui la régente.
Du Quattrocento au XVIIIe siècle
La pensée utopique connaît une éclipse au Moyen Age, mais accompagne ce grand ébranlement historique et culturel que fut la Renaissance italienne. La ville idéale de Sforzinda, présentée par l'architecte et théoricien d'origine florentine Filarète dans son Traité d'architecture (1460-1464), est imaginée selon un plan polygonal inscrit dans un cercle.
Plus influent encore, Thomas More décrit dans son livre Utopie (1516) une organisation politique et sociale idéale qui s'incarne dans un projet de ville géométrisée et rectiligne. Il faut attendre la fin du XVIIIe siècle pour voir réapparaître la pensée utopique appliquée à l'architecture. La philosophie des Lumières, fondée entre autres sur une vision progressiste et optimiste de l'avenir, est propice à l'invention de modèles de