Architecture utopique
L'utopie et l'architecture sont des propos positifs. L'une est un projet de société, l'autre d'un projet de bâtiment. Selon les points de vue respectifs de l'utopiste ou du bâtisseur, l'utopie et l'architecture occupent des positions symétriques Pour l'utopiste, l'architecture est la manifestation de la validité du programme utopique, elle a une fonction de représentation. De plus, le récit utopique est un voyage dans une ville construite. L'architecture rend visible, « réaliste » l'utopie, elle lui donne une existence.
Thomas More décrit dans son ouvrage comme une organisation politique et sociale idéale qui s’intègre dans un projet de ville géométrisée et rectiligne.
L’auteur se sert de cette architecture comme d’une dénonciation du pouvoir : en effet le centre d’Amaurote (et par le même coup, le point le plus important), n’est pas un palais, symbole du pouvoir, mais une grande place où chacun peut se retrouver, symbole de la vie en société. De toute façon, comment un palais trouverait-il sa place dans le pays d’Utopie ? En effet, aucune pouvoir totalitaire, ni même définitif, n’est mis en place !
Pour en revenir à l’architecture, la disposition des maisons souligne également une certaine égalité (ce qui contraste avec les manoirs de bourgeois et les chaumières de paysans en Angleterre) : elles sont toutes identiques (tout en étant cossues), et les portes sont tout le temps ouvertes (pourquoi les fermer pour lutter contre un vol alors que tout est à tous ?). Enfin, pour renforcer cette idée de « non-propriété », le propriétaire de chaque maison change tous les dix ans.
En plus de cette égalité, l’Utopie prône une certaine tolérance religieuse : les édifices religieux sont des sortes de temples qui sont bâtis dans un but de respect de toutes les mœurs tout en se basant sur un fond de religion commun. Ici, l’auteur dénonce clairement la société dans laquelle il vit, où l’Angleterre ne tolère aucune autre religion que le