Argent
2) PLAN :
I - Thèse : l’argent est source de divertissement :
a) l'argent fournit des buts, focalise une énergie (le jeu, le mirage de richesse). Selon Simmel, l'argent est le moyen absolu par lequel l'homme décide librement de parvenir à ses fins. L’argent contribue ainsi à donner à l'existence un sens dont elle est dépourvue. ex : Saccard exprime cet infléchissement donné à la platitude de la vie : «Avec la rémunération légitime et médiocre du travail, le sage équilibre des transactions quotidiennes, c'est un désert d'une platitude extrême que l'existence, un marais où toutes les forces dorment et croupissent ; tandis que, violemment, faites flamber un rêve à l'horizon, promettez qu'avec un sou on en gagnera cent, offrez à tous ces endormis de se mettre à la chasse de l'impossible, des millions conquis en deux heures, au milieu des plus effroyables casse-cou ; et la course commence, les énergies sont décuplées, la bousculade est telle, que, tout en suant uniquement pour leur plaisir, les gens arrivent parfois à faire des enfants, je veux dire des choses vivantes, grandes et belles... Ah ! dame ! il y a beaucoup de saletés inutiles, mais certainement le monde finirait sans elles. » (L'Argent, ch. VIII).
b) l'argent est emblématique du désir humain. ex : Le désarroi d’Harpagon lorsqu'il a été volé signale cette part constitutive de l'argent dans sa vie : «Je suis perdu, je suis assassiné ; on m’a coupé la gorge : on m’a dérobé mon argent.[…] Hélas ! mon pauvre argent ! mon pauvre argent ! mon cher ami ! on m’a privé de toi ; et puisque tu m’es enlevé, j’ai perdu mon support, ma consolation, ma joie : tout est fini pour moi, et je n’ai plus que faire au monde. Sans toi, il m’est impossible de vivre. C’en est fait ; je n’en puis plus ; je me meurs ; je suis mort ; je suis enterré. […] Je veux faire pendre tout le monde ; et si je ne retrouve mon argent, je me