Arret koné
Si la Constitution a toujours été une norme à l'aune de laquelle le Conseil d'Etat juge les actes administratifs, son rôle n'est vraiment devenu primordial qu'au lendemain de la seconde Guerre mondiale. C'est, en effet, à cette époque, que le juge administratif admet la valeur juridique de son préambule. Ce faisant, il intègre dans ce qu'il convient, désormais, d'appeler le bloc de constitutionnalité un ensemble très riche de règles. Parmi elles, se trouvent les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République (PFRLR). C'est une telle règle que le Conseil d'Etat consacre en l'espèce.
Dans cette affaire, Mr. Koné, ressortissant malien, demande au Conseil d'Etat d'annuler le décret du 17 mars 1995 accordant son extradition. Au terme d'une décision, dans laquelle le Conseil d'Etat consacre le PFRLR selon lequel l'Etat doit refuser l'extradition d'un étranger lorsqu'elle est demandée dans un but politique, le Conseil d'Etat rejette le recours.
L'apport majeur de cet arrêt est donc la consécration d'un nouveau PFRLR. Habituellement dégagés par le Conseil constitutionnel, ces principes ont été consacrés par le préambule de la Constitution de 1946, auquel renvoie celui de 1958. Longtemps la question s'est posé de déterminer la valeur juridique du préambule. Le Conseil d'Etat a répondu à cette question par l'affirmative en juridicisant, ainsi, les PFRLR. L'intérêt majeur de cet arrêt porte, cependant, outre la rareté de la consécration de tels principes, sur l'autorité émettrice puisque c'est le Conseil d'Etat et non le Conseil constitutionnel qui en est l'auteur. Le recours à cette norme s'explique par l'impossibilité pour le juge administratif d'utiliser des dispositions législatives ou les principes généraux du droit, et ce, en raison de la hiérarchie des normes. En ayant, ainsi, recours au PFRLR, le Conseil d'Etat consacre dans le même temps la supériorité de la Constitution française sur les