Arrêt de la cour de cassation, première chambre civile, 15 mars 1988
15 mars 1988
Dans cet arrêt de cassation du 15 mars 1988, la 1re chambre civile de la Cour de cassation soulève le problème de la prescriptibilité du nom patronymique. En l’espèce, M Y. Saintecatherine avait saisi le Président du TGI d’une requête aux fins de rectification des actes d’état-civil de lui-même et de ses ascendants jusqu’au troisième degré. Le nom porté par ses ancêtres serait en réalité « de Sainte Catherine » et aurait été modifié en 1860, à la suite d’une erreur matérielle commise lors de l’établissement de l’acte de naissance de son arrière grand-père. La CA de Limoges, dans un arrêt du 6 juin 1985, déboute M. Saintecatherine de sa demande ; celui-ci décide donc de former un pourvoi en cassation à l'encontre de la décision de la CA. La CA se fonde sur deux arguments pour rejeter la demande de M. Catherinette : d'une part il y aurait eu renonciation non-équivoque de port de la particule par les ancêtres du demandeur, les erreurs renouvelées à chaque acte de naissance ayant été acceptées par les intéressés ; d’autre part, la possession constante et uniformément prolongée pendant plus d’un siècle du nom dépourvu de particule a eu pour effet de faire perdre celle-ci. Par cette décision, la CA de Limoges ravive la longue controverse sur la nature juridique du nom, voire de l’existence d’un droit au nom. Le problème qui se pose à la Cour de cassation est le suivant : une personne peut-elle légalement demander de récupérer le nom de ces ancêtres, alors même que son nom actuel utilisé par plusieurs générations de la famille n'a jamais été contesté ? La 1re chambre civile, dans sa décision de principe, casse l’arrêt de la CA aux motifs que « si la possession loyale et prolongée d’un nom est propre à conférer à l’individu qui le porte le droit à ce nom, elle ne fait pas obstacle à ce que celui-ci renonçant à s’en prévaloir, revendique le nom de ses ancêtres, qu’il n’a pas perdu en