art et com
Ça communique avec L’Autre.
Heidegger se posait la question vertigineuse Qu'est-ce que penser? Et il répondait en grec intemporel. La question fascinante d'aujourd'hui serait plutôt Qu'est-ce que communiquer? Pourquoi une telle inflation de communication planétaire et une telle perte de communication de proximité? Pourquoi la communication prétend-elle envahir la planète. Et pourquoi ce rêve d'immédiateté et cette illusion d'une transparence communicationnelle sont-ils identifiés à la communication numérique?
Nos zélateurs branchés croient que ces nouvelles technologies de communication abolissent l'espace et le temps: un grand rêve humain de puissance, que la technologie mettrait désormais à notre portée. Il y a de la croyance magique là-dedans.
Cette frénésie communicationnelle, cette obsession, qui tourne au fétichisme technologique avec l'essor de l'Internet, secrète une véritable idolâtrie de la communication, où l'idéologie marchande exploite un puissant désir individuel: un désir peut-être fusionnel et compensateur d'un déficit réel de la communication interpersonnelle dans les sociétés contemporaines.
Le bruit de la communication.
La communication crée l'illusion d'une communauté planétaire, à laquelle on pourrait s'intégrer harmonieusement. On invente la médiologie pour la comprendre. Et on nie au nom de cette nouvelle déesse Communication l'importance du silence, de la solitude et de la non-communication. On fait l'éloge du bruit, de l'explosion des communications, du vacarme des villes et des médias. Et la musique contemporaine lui renvoie son rythme techno, comme un écho.
Mais ce n'est plus que le bruit de la société, le bruit de la communication. Qu'est devenue la communication elle-même, conçue comme un échange, un partage? Qu'est devenue la confidence, le murmure intimiste, le petit secret sussuré, l'espace psychologique personnel et privé? N'est-ce pas le contraire du rêve d'une