2) Celui qui par contre a encore le sentiment de réaliser une œuvre, c’est l’artisan. Par artisan nous entendons ici celui qui, par exemple, fait de la poterie traditionnelle, qui travaille le cuir ou le tissu, le luthier qui fabrique des instruments de musique. L’artisan a pour lui son savoir-faire, savoir-faire qui se transmet de génération en génération. Il a la possibilité d’exprimer sa créativité dans ce qu’il réalise, de s’investir dans ce qu’il fait. Il œuvre au sens noble du terme. (texte) Cependant, il reste soumis à l’économie de marché. Ce qu’il crée n’est pas seulement décoratif, mais doit aussi être utile. La table artisanale doit encore être une table. L’artisan réalise un modèle et le reproduit à beaucoup d’exemplaires, même s’il peut tendre vers la création d’une œuvre unique en donnant une touche originale à chaque vase de porcelaine par exemple. Ce n’est pas du travail à la chaîne qui multiplie démesurément le nombre d’objets produits. Ce qui nous plaît dans l’artisanat, c’est ce caractère humain, proche du caractère unique de l’œuvre d’art, la marque d’un travail humain dans le coup de pinceau sur une poterie. L’artisan garde en commun avec l’artiste une possibilité de création que n’aurait pas par exemple l’ouvrier, qui dans l’usine doit sortir chaque jour des milliers de plats de tôle emboutie. Le produit artisanal satisfait l’homme de goût qui attache une valeur aux belles choses, et ne demande pas seulement une utilité immédiate. La table Louis XV après tout est une table, mais elle aussi plus qu’une table industrielle, faite de tubes de métal, elle est ouvragée, elle a sa finesse de marqueterie, finesse que l’on peut apprécier. Seul le produit artisanal combine harmonieusement l’utilité et une haute valeur expressive. Il faut d’ailleurs noter qu’avant la révolution industrielle, on ne faisait par vraiment la différence entre artisan et artiste. Les artistes travaillaient sur commande, comme des tâcherons. Les artisans produisaient des