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LE CORPS EN PLACE ET LA PLACE DU CORPS DANS LA RELATION AVEC LA PERSONNE POLYHANDICAPEE
On raconte qu’un petit garçon observa un matin très attentivement la livraison d’un bloc de marbre brut chez RODIN. Quelques mois plus tard, il découvrit le beau cheval blanc que le sculpteur en avait tiré. « Comment as-tu su qu’il y avait un cheval à l’intérieur ? »
Nous sommes des êtres corporels, incarnés, ce qui ne signifie nullement que nous nous réduisions au corps. Il est toutefois difficile de concevoir notre existence sans ce rapport étroit d'habitation corporelle et d'habitation du corps, à tel point que les êtres dépourvus de corps appartiennent de facto au non-humain : fantômes, anges, esprits, dieux… Dans la structuration d'un être, le corps assume un rôle d'écrin, et non d'écran. L'identité se structure concrètement, dans l'entrelacement sensorimoteur avec le monde, avec les figures maternelles en particulier dans les débuts de la vie. C'est bien par l'expérience sensible et motrice que le bébé s'éprouve un, limité, se dote d'un point de vue, de sentir, d'entendre, qu'il instaure sa tonicité, c'est à dire qu'il apprend à répondre à la pression environnante. Le dialogue avec le monde, avec les proches, est fait d'engagement tonique, de modulation dans la tension, d'orientations posturales, d'ouvertures et fermetures, d'aller-vers, de retraits, avec des nuances d'intensité qui font que le bébé apprend vite à être présent, à se présenter, se retirer, se soustraire ou s'exposer. Nous retrouvons-là les dimensions fondamentales de l'émotion. L'affectivité se joue au travers d'échanges corporels -toniques, posturaux, sensoriels, moteurs- qui conduisent le bébé à se rassembler, s'organiser, à devenir un être-là sensible. Encore faut-il pour que ce processus s'opère disposer des outils qui le conditionnent, terme à prendre au double sens d'un bagage minimum indispensable et d'une mise en forme, comme on conditionne un produit. Or c'est là que la personne