Arts espace de henrivl
L’ARCHITECTURE
Il faut prévenir une équivoque. A voir figurer l’architecture dans ce livre, on pourrait croire qu’aux yeux de l’auteur, elle est partout et toujours un art. Il nous semble, au contraire, que les vues esthétisantes ont été pour beaucoup dans sa décadence depuis le début du XIXe siècle, qu’elles font obstacle à la conscience de nos responsabilités en ce domaine, et que, là où elles sévissent encore, elles faussent la formation des architectes. En vérité, l’architecture n’est pas d’abord esthétique mais sémantique. Elle a pour tâche d’établir l’être humain dans le réseau spatiotemporel où il invente son sens individuel et collectif, car elle conditionne la famille, l’école, le métier, les rapports de classes, la participation politique. La question n’est donc pas de savoir, en premier lieu, si elle est belle, mais si elle accomplit sa destination humaine, — à moins qu’on ne dise que c’est là sa première et indispensable « beauté ». Devenir architecte, c’est avant tout être initié aux relations sociales et techniques telles qu’elles existent aujourd’hui, telles aussi qu’elles deviendront demain, car le constructeur engage toujours le futur dans le présent. Mais cette démarche n’en a pas moins produit, dans certaines circonstances privilégiées, des objets d’art, et même d’art majeur, offrant la rigueur de l’absolu et, parallèlement aux sujets picturaux et sculpturaux, un sujet architectural. Et, comme le présent ouvrage a pour objet l’esthétique des arts de l’espace, c’est de ce point de vue particulier que nous allons envisager le bâtiment, — ce qui, faut-il le dire, ne nous dispensera pas de considérer sa destination, ni sa construction. Car, dans les œuvres insignes, les impératifs pratiques et techniques ne demeurent pas étrangers à l’art de l’édifice. Ils sont assumés par la forme plastique.
L’Art de l’Espace, Casterman, 1959 – L’Architecture
Henri Van Lier
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Chapitre XI La forme englobante
Quand on envisage