Arts pla _ attendus _Sebastiao Salgado 1986
Serra Pelada, Brésil, 1986
Sébastiao Salgado.
(État de Para, Brésil, 1986
50 x 60 cm
Projet La Main de l'homme, 1986-1992, publié en 1993.
La terre de la mine d'or de la Serra Pelada est riche en fer, ce qui rend la boue luisante.)
Sebastião Salgado n’a cessé, depuis 1974, de parcourir le monde. Sa conception du reportage photographique a évolué et plus qu'au rendu de l'événement, du factuel, il s'attache à l'élaboration de projets conçus sur le long terme.
Concilier éthique et esthétique :
Il a été parfois reproché à S. Salgado de transformer les paysages en décor, d’esthétiser la misère et la souffrance et, par là même, de rendre la réalité acceptable.
De l’image de la Serra Pelada, on admire surtout le grain et la lumière qui mettent en valeur le dos du mineur brésilien transformé en strates de boue aurifère, le cadrage, la profondeur de champ et la qualité de la composition qui font de l’échelle, au dernier plan, un prolongement de la colonne vertébrale de l’homme assis au premier plan.
La force de conviction de ses images trouve sa source dans leur puissance plastique. La recherche esthétique, par le souci d’équilibre et de composition qu’elle manifeste, assure une forme supérieure de lisibilité. Loin d’être un obstacle à la compréhension et à la hiérarchisation de ce foisonnement de signes qu'offre la réalité, elle permet une mise à distance, un évitement de l’émotion immédiate, de la sentimentalité si souvent pointée comme un défaut constitutif de la photographie de filiation humaniste. Ce n’est pas une effusion pathétique que suscite ici l’image, mais une méditation qui différencie la représentation et le réel dont elle est issue.
Nous sommes donc encore plongés dans le symbolique mais les textes, qui accompagnent cette photographie dans l’ouvrage La Main de l’homme, nous rappellent, avec une grande précision, la dureté des conditions de travail de ces mineurs.
S. Salgado lui-même s’est depuis longtemps défendu contre cette