Asie
Quand au début des années 1990, Charles Krauthammer a popularisé la notion de « moment unipolaire »[1] – suivi, on s’en souvient, par Francis Fukuyama et sa théorie sur la fin de l’Histoire – c’était vite oublier que l’homme existait encore avec sa capacité à changer les choses du monde. C’est ce qui est advenu, dans l’après guerre froide, quand l’hégémon américain à perdu de sa superbe, dans cette éclosion d’acteurs géopolitiques jusqu’à lors étouffés dans les coalitions du monde bipolaire américano-soviétique.
Depuis la chute de l’URSS en 1991, nous sommes entrés dans une phase nouvelle dans les relations internationales, ce qui a pu faire accroire que le temps de la paix perpétuelle, de la démocratie, des droits de l’homme et du libéralisme économique était arrivé. Très vite, nous nous sommes aperçus qu’il n’en était rien, que la marche du monde faisait éclore des forces régionales et nationales en dehors du monde occidental, en un mot que l’Histoire était toujours là, agissant de ses forces souvent invisibles, irréfragables, que les civilisations n’étaient pas mortes, déployant dans le temps long – cher à Fernand Braudel – leurs tendances lourdes.
Deux géants ont gardé de manière intangible le cap du développement, focalisant de plus en plus – et à force raison – les attentions : l’Inde et la Chine, l’éléphant et le dragon [2]…
C’est un peu une billevesée aujourd’hui que de dire que l’Asie devient le centre des affaires du monde. Il faut pourtant regarder les faits et les apprécier – sans basculer dans un prospectivisme échevelé, tant la géopolitique « est un savoir