assia djeddar
Dans le projet des Rougon-Macquart, un roman devait être consacré au monde des artistes. Ce roman, Zola en trace la première ébauche en mars 1885. Mais la rédaction n'en commence qu'en mai de la même année (12 mai, date notée sur le manuscrit).
Entre l'ébauche et la rédaction, comme à son habitude, Zola enquête et se documente, même s'il avoue à Van Santon Kolff, dans une lettre de 6 juillet: "C'est toute ma jeunesse que je raconte, j'ai mis là tous mes amis, je m'y suis mis moi-même."
En effet, Zola est l'ami, depuis le collège à Aix-en-Provence, de Paul Cézanne. Cette amitié lui ouvre le milieu des peintres dont Zola partage le désir de renouveau, la volonté d'inventer un art vraiment "moderne". Toutefois, il ne faudrait pas en déduire que le roman est un roman à clef, même si Paul Cézanne s'est "reconnu" dans Claude Lantier.
Les personnages du roman pourtant, comme les tableaux qui y sont décrits, sont des figures composites au croisement du réel, de la documentation et de l'imagination. Le premier tableau de Lantier fait songer au Déjeuner sur l'herbe de Manet alors que le dernier, avec sa grande figure féminine constellée de pierres précieuses n'est pas sans rappeler Gustave Moreau.
Pour compléter ses souvenirs, Zola demande à Antoine Guillemet, qui les lui donne volontiers, des "notes sur les marchands de tableaux et sur les amateurs" (lettre du 20 avril 1885); il fait aussi de longues promenades dans Paris pour fixer les tonalités, les ombres, les lumières, certains aspects de la ville, qui alimenteront des descriptions dans le roman, rivalisant en mots avec les traits de pinceaux des peintres que la fiction regroupe sous le nom d'école "de plein air" et qui évoque les