Athènes et ses Alliés
Pseudo-Xénophon, Constitution des Athéniens, I, 14-20
14. Quant aux Alliés, les Athéniens ont la réputation de passer la mer pour extorquer les biens des honnêtes gens et les poursuivre de leur haine (ils savent qu’obligatoirement celui qui domine est un objet de haine pour celui qui est dominé et que, du moment où les riches et les honnêtes gens viendront à l’emporter dans les cités, la domination du peuple athénien n’en aura plus pour très longtemps ; c’est donc, pourquoi ils privent les honnêtes gens de leurs droits civiques, les dépouillent de leurs richesses, les expulsent, les mettent à mort et accroissent la puissance des méchants ; de leur coté, les Athéniens honnêtes assurent, dans les cités alliées, le salut des honnêtes gens, car il savent qu’il est bon, pour eux, de toujours assurer le salut de l’élite).
15. On pourrait objecter qu’il y va de la puissance même d’Athènes d’avoir des Alliés suffisamment fortunés pour payer leur tribut. Mais les hommes du peuple pensent qu’il vaut mieux que chaque Athénien, individuellement, s’empare de l’argent des Alliés et que ceux-ci n’aient que le nécessaire pour vivre, qu’ils travaillent et qu’ils soient ainsi dans l’incapacité de tramer une conspiration. 16. Le peuple d’Athènes paraît, également, prendre une mauvaise résolution, lorsqu’il oblige les alliés à faire la traversée jusqu’à Athènes pour leur procès. Mais les Athéniens calculent, au contraire, que le peuple athénien en retire de nombreux avantages. D’abord, c’est sur les sommes déposées pour frais de procédure qu’il touche toute l’année son salaire. Puis, en restant tranquillement chez eux, sans faire sortir de navires, les Athéniens dirigent les affaires des cités alliées et, dans les tribunaux, ils assurent le salut des démocrates et la perte de leurs adversaires. Or, si les alliés tenaient, chacun, localement, leurs instances, accablés, comme ils le sont par les
Athéniens, ils feraient la perte de ceux de leurs concitoyens qui