Au XIXe siècle
La distinction est une des valeurs cardinales de cette figure singulière entre toutes. L'élégance est poussée chez le dandy à son paroxysme. À toute heure du jour et de la nuit, il doit présenter au monde une apparence soignée, car il est parfois un habitué des mondanités, ce qui ne l'empêche de les mépriser, autre paradoxe constitutif de sa nature complexe. La perfection de la toilette réside pour Baudelaire dans « la simplicité absolue, qui est, en effet, la meilleure manière de se distinguer1[7] ».
George Brummell (1778-1840), figure historique du dandysme, en est le parfait exemple. Anglais, issu d'un milieu non aristocratique, il sera l'arbitre des élégances au début du XIXe siècle. Non seulement, il tira profit de son élégance et de son raffinement en devenant l'intime du prince de Galles, mais il fut aussi à l'origine d'innovations décisives dans les codes vestimentaires : le port du pantalon à la place de la culotte, l'abandon de la perruque. Il est également considéré comme l'introducteur du costume moderne, sombre et discret, mais admirablement coupé. Mais dans une caste aussi individualiste, chaque dandy exprime à sa manière sa distinction et son élégance. Un Barbey d'Aurevilly respecte les codes vestimentaires aristocratiques, tandis qu'Oscar Wilde avant sa « deuxième période esthétique2[8] » arborait des tenues soignées mais extravagantes, avant d'opter pour des costumes plus sobres.
Les dandys peuplent également les romans. Balzac était un grand admirateur de Brummell et il eut lui-même quelque prétention à dicter les élégances parisiennes. Dans La Comédie humaine, la figure du dandy occupe une place singulière. Balzac a l'ambition de décrire et d'analyser