Aube commentaire composé
Aube reprenant le désir de Baudelaire d'étendre les pouvoirs de la poésie à l'exploration de l'inconnu et rêvant comme lui d'une langue poétique nouvelle, Rimbaud bouleverse le genre de la poésie en se faisant voyant et en libérant le langage de la contrainte du sens précis. Le mot « Aube » tiré des « Illuminations »* évoque sous la forme d'un rêve cette quête de l'absolu, au cours de laquelle le poète croit savoir se rendre maître du monde grâce à une poursuite systématique et acharnée qui se solde par une désillusion.
Nous analyserons successivement deux mouvements du texte. Tout d'abord l'élan enthousiaste du poète dont la quête démarre sous d'heureux hospices puis la dégradation progressive qui conduit à la chute finale.
*mot anglais qui signifie enluminure mais conserve le sens du mot français : axé sur une autre réalité.
I) Etat de grâce Dès la première phrase, le poète qui par son naturel et son innocence s'assimile à un enfant, se trouve dans un état de fusion bienheureux avec la nature, ce qu'il exprime par l'utilisation du verbe « embrasser ». La régularité de l'octosyllabe (4+4) est soulignée par l'écho des sonorités finales de chaque hémistiche (j'ai embrassé / l'aube d'été).
1) La nature
a) En effet la nature est personnifiée sous la forme d'une divinité endormie pleine de grandeur et de majesté, peuplée de palais (forêt, tronc = colonnes) ornée de pierreries (gouttes de rosée) et d'oiseaux qui s'éveillent (les ailes se levèrent sans bruit), à moins qu'il ne s'agisse des ailes de la nuit ou du souffle d'inspiration.
b) Pleine de grandeur et de majesté mais aussi bienveillante, elle paraît également prête à livrer ses secrets dans une intimité délicieuse : le sentier au sein duquel le poète éprouve des sensations délicates (frais et blêmes éclats), l'accumulation des liquides qui donne une sensation des fluidité, la fusion des sensations tactiles et visuelles (frais et blême), le motif de la fleur, tout contribue à