Aube
Les Trois Poèmes s'inspirent de trois textes de Paul Valéry. Celui-ci appartenait au groupe des poètes qui, sous la direction de Verlaine et Mallarmé, se qualifiaient eux-mêmes de symbolistes. Ils écrivaient des poèmes très compacts, allusifs qui laissaient davantage de place à la suggestion qu'à la description. Les symbolistes voyaient là une méthode scientifique destinée à dévoiler les processus du cerveau et ainsi entrer en contact avec l'inconscient. Dans le premier poème, Aurore, Valéry décrit les premières lueurs de l'aube et rend hommage au moment où l'intellect s'éveille. Il déborde d'enthousiasme sur le retour de la raison qui permet au poète d'ordonner les inspirations qui jaillissent de son subconscient au moment onirique du réveil et de les transposer en véritable œuvre d'art. Le deuxième poème, Cantique des Colonnes, décrit une aube resplendissante en Grèce où Valéry est absorbé dans la contemplation de colonnades antiques. Devant lui se dressent les immenses piliers, symboles de l'homme qui, par son intelligence, a pu vaincre la matière. La dernière chanson, Le Sylphe, épingle la nature capricieuse de l'inspiration et Valéry lance une pique aux critiques littéraires trop zélés.
Aurore
Le jour paraît, l'intelligence se réveille. Le poète salue avec une confiance joyeuse ce moment où la conscience claire se réinstalle, où la raison s'apprête à organiser les idées qui se sont formées confusément durant le sommeil. L'œuvre va naître, jaillie des profondeurs de l'instinct, mais élaborée par la volonté lucide. Au cours de la dernière strophe, l'espérance créative est assimilée à une gracieuse naïade dont le buste émerge du niveau de l'eau, le reste de son corps restant plongé dans la profondeur aquatique symbolisant l'inconscient. La confusion morose Qui me servait de sommeil Se dissipe dès la rose Apparence du soleil. Dans mon âme je m'avance Tout ailé de confiance: C'est la première oraison! À peine sorti des sables, Je