Augmentation du nombre des communes
La Révolution créa donc un nombre de communes aujourd'hui encore inconnu parce que les relevés d'époque ne sont pas uniques et contiennent des erreurs manifestes (notamment à cause de simples hameaux confondus avec des municipalités effectives)11. Le nombre de 44 000 figurant dans un état des Archives parlementaires12 contient sans doute ces erreurs repérées par les historiens. Antoine Follain avance pour sa part 41 000 municipalités créées au départ, dans les limites de 1790. En apparence élevé, le nombre de communes créées en France était pourtant parfaitement comparable à celui des autres pays à administration locale constituée et à maillage général, au vu de la taille et de la population du pays.
Cependant, ce découpage initial était imparfait avec, dans plusieurs régions, des communes gigantesques et à circulation difficile (notamment le Massif central) et ailleurs, à l'évidence, de trop petites communes, peu viables à terme fiscalement parlant. Aussi, entre la proclamation de décembre 1789 et la fin du Consulat, de nombreuses communes-faubourgs et petites communes rurales sont supprimées, dans de nombreux départements. Dès 1793, il n'y en a plus que 41 000; en 1802-1803, il n'y en a plus que 40 00013. Puis, à partir de l'Empire, les différents ministres de l'Intérieur qui se succèdent pratiquent une politique logique: toujours pour réparer les malfaçons du premier découpage, ils créent des communes là où le maillage rend l'autorité des maires incertaine aux franges de leur commune, franges quelquefois physiquement isolées du chef-lieu, tandis qu'ailleurs ils continuent à pousser les préfets à supprimer des communes si celles-ci se dépeuplent plus que les autres. Le Massif central voit ainsi se resserrer son maillage administratif par création de nombre de communes, pendant que Normandie et Alpes du sud, les premières régions françaises frappées par l'exode rural, se voient privées chacune de plusieurs centaines