Aurélien premier chapitre
Objets d’étude : celui de l’étude du roman et des phénomènes de réécriture seront examinés conjointement ; nous montrerons que certes, le roman peut se définir comme un univers clos, qui propose au lecteur de sortir de son univers pour entrer dans un univers parallèle, et ainsi il peut accéder à une « vision du monde » par l’intermédiaire d’une fiction autonome ; mais nous verrons aussi s’exercer une seconde mimésis, celle qui fonctionne à l’intérieur même de la littérature : le romancier qui invente son univers le fait alors que son imaginaire est nourri de toutes ses lectures ; il convoque ses lectures lors de son écriture, et le « miroir que l’on promène le long du chemin » ne réfléchit pas seulement le monde, mais aussi « tous les livres ».
Objectifs : mise en perspective du roman qui s’ouvre. Qu’est-ce qu’un roman, à l’époque où s’écrit celui-ci, en 1940 et 1943 ? On tentera de répondre à la question par une méthode comparative : 1) Quels effets de sens provoque la référence assumée et insistante avec la Bérénice de RACINE ? 2) Quels échos entre ce roman qui s’ouvre sur une rencontre entre un homme et une femme, et tous les romans antérieurs, s’ouvrant sur cette même scène inaugurale du roman d’amour ? (une scène de première vue : du déjà vu.)
I ARAGON et RACINE 1) La première phrase renvoie directement le lecteur à ses souvenirs scolaires de la tragédie de RACINE ; cette tragédie est considérée comme un cas-limite : - Extraits de la préface de Bérénice : Titus reginam Bereinicen, cui etiam nuptias pollicitus ferebatur, statim ab Urbe dimisit invitus invitam. (SUETONE 1e siècle ap. JC) C'est-à-dire que « Titus qui aimait passionnément Bérénice, et qui, même, à ce qu’on croyait, cherchait à l’épouser, la renvoya de Rome, malgré lui et malgré elle, dès les premiers jours de son empire ». Cette action est très fameuse dans l’histoire ; et je l’ai trouvée très