automne malade apollinaire
De Ronsard à Prévert, en passant par Chateaubriand, Baudelaire et Verlaine, l'automne a inspiré des générations de poètes. Né, quant à lui, sous le signe de la Vierge qui marque le début de l'automne, Apollinaire a fait de cette saison, associée souvent au temps qui passe, a la mort, aux souffrances de l’amour et, partant, aux fins des amours, sa saison privilégiée. ll s’ecrit d’ailleurs : << Mon automne éternelle ô ma saison mentale ». Dans le poème << Signe >>, il rappelle cette idée : << Je suis soumis au chef signe de l’Automne ». C’est pourquoi Automne malade s’inscrit naturellement dans cette optique. ’
Lecture:
Automne malade et adoré
Tu mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers
Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
Qui n'ont jamais aimé
Aux lisières lointaines
Les cerfs ont bramé
Et que j'aime ô saison que j'aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu'on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu'on foule
Un train
Qui roule
La vie S'écoule
Apollinaire - Alcools - Automne malade -
I - La thématique de l'automne renouvelée par l'univers personnel du poète
Dès la première strophe, l'automne, affublé de l'épithète « malade », s’inscrit dans le thème de la maladie et de la mort. Apollinaire, interpelle cette saison qu’il aime entre toutes et lui signifie sa fin prochaine : « Tu mourras (à l'arrivée de l’hiver) : quand l'ouragan soufflera dans les roserais ; quand il aura neigé dans les vergers. ll lui signifie en même temps sa sympathie (étymologiquement, "sympathie" signifie : "souffrir avec") par l'adjectif « adoré « et pour sa remarque pleine de commémoration : « pauvre automne ».
Remarquons également que les symboles de la vie sont ici « les roserais » et « les