Autoportrait dans le camp
Cet autoportrait est terrible, Nussbaum nous regarde sévèrement de biais, comme s’il nous reprochait d’être voyeur de cette scène qu’il a peinte.
Couleurs : Une dominante terre, marron, tout est terreux et sale.
Arrière plan : à droite, deux hommes avilis qui ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. Leur dignité leur ayant été enlevée. A moitié nus, ils sont sur des latrines improvisées. Ils survivent plus qu’ils ne vivent dans des conditions extrêmes. Les barbelés ferment le décor ; de chaque côté les baraquements des déportés. Le ciel aussi écrase le camp très sombre, sans aucune éclaircie en vue, aucun espoir.
Tout écrase le peu de vie qui reste à ces hommes avant la mort, ici il n’y a pas d’espoir Nussbaum le sait et nous le dit : cet univers c’est la mort, on ne sort pas vivant de cela, c’est l’enfer.
Autoportrait dans le camp (1940) met en évidence les conditions de vie imposées aux prisonniers de Saint-Cyprien par les autorités françaises, l’enfermement (les baraques de bois sur le sable, les lignes de fer barbelé) et la maladie (la dysenterie qui humilie deux hommes à l’arrière-plan). Dans une atmosphère qui n’est pas sans évoquer Jérôme Bosch ou Bruegel, Nussbaum crée ici l’effigie de l’interné, à la chemise tachée et déchirée, à la barbe naissante, au regard impénétrable et indompté.