Autres Temps
Dans le palais de justice d’une ville de Normandie se tient une audience. La plaignante est une dame de cinquante ans, laide, sèche et couperosée. Elle reproche à un jeune homme de vingt-huit ans, joufflu et niais, de s’être marié et de l’avoir délaissée. Elle veut récupérer la ferme qu’elle lui avait donnée en remerciement de ses «services» ou qu’il revienne chez elle.
Le juge se tourne vers le jeune homme et lui demande ce qu’il a fait pour mériter cette ferme, "C’que j’ai fait, mon bon m’sieur l’juge de paix ? mais v’là quinze ans qu’a m’sert de trainée, c’te poison, a peu pas dire que ça valait pas ça !", et le père du jeune homme de rajouter qu’il avait donné son fils et qu’il comptait bien en avoir de la reconnaissance, surtout, disent-ils, quand vous voyez l’état de la dame.
Le juge se tourne vers la plaignante, la considère longuement et conclut qu’effectivement, ça valait bien ça.
Deux familles pauvres, les Tuvache et les Vallin, vivent misérablement dans deux chaumières.
Un jour, M. et Mme d’Hubières, qui ne peuvent pas avoir d’enfant, veulent adopter moyennant finances, le plus jeune des Tuvaches, Charlot. La mère refuse violemment cette proposition inhumaine à ses yeux. Le couple propose alors le contrat aux Vallin qui acceptent la rente en augmentant le tarif proposé au début par les Hubières. Du coup, les deux familles ne se parlent plus. La mère Tuvache dénigre ses voisins et se présente comme une mère exemplaire, ce qui amène Charlot, son fils, à se sentir supérieur, car il n'a pas été vendu.
Vingt ans plus tard, le fils Vallin, devenu un jeune homme riche, refait son apparition. Il entre dans la chaumière des Vallin et embrasse ses parents qui fêtent son retour. Le fils des Tuvache, jaloux, en veut tant à ses parents de ne l’avoir pas vendu