Autrui
INTRODUCTION
Autrui s’impose à nous dans notre vie la plus quotidienne, que ce soit sur le plan affectif, pratique, moral ou intellectuel. A tel point que le mot solitude se définit par autrui, et non l’inverse (comme l’erreur se définit à partir de la vérité, et le néant par l’être.)
A considérer la solitude, nous pouvons constater qu’il en existe deux sortes :
- La solitude physique : qui se caractérise par l’absence physique de l’autre, mais qui en général est présent dans le moi par l’imagination.
- La solitude de désolation : où là, malgré la présence d’autrui, le sujet se sent seul. La représentation de l’autre disparaît. Solitude bien plus terrible que la première !
Prenons deux exemples : Robinson Crusoë bien que seul, n’est pas désolé. Autrui est bel et bien présent en lui : par son dialogue intérieur avec Dieu, par l’attente espérée des Anglais, par la crainte des cannibales.
Quant au deuxième exemple, il s’agit de Rousseau à la recherche de la solitude. Il s’y plonge en fait, pour être ce qu’il ne paraissait pas au contact de la société, et cesser de paraître ce qu’il n’était pas au regard d’autrui. Cette solitude recherchée se définit par rapport à autrui.
La solitude n’est pas dans le donné naturel de l’homme.
Comme le dit Descartes « nous avons été enfants avant d’être des hommes », or l’enfant ne vit que s’il est nourri, langé, soigné par un autre. Autre, qu’au début il ne connaît pas, et d’ailleurs à ce moment, il ne se connaît pas comme étant lui-même.
Conscience, conscience de soi et conscience de l’autre vont de pair. Dans l’exemple du nourrisson, le premier objet de la conscience n’est-il pas cette mère, à qui il sourit ? Donc autrui ? (illustration qui servira d’appui à la théorie freudienne du complexe d’Œdipe.)
Un fait paraît acquis : la co-présence d’autrui à la conscience du sujet, qui sans lui n’est pas vraiment une conscience de soi. Comme si je n’étais que par un autre je : celui d’autrui.
Mais