Autrui_
Introduction :
Autrui, qui est autrui ? Autrui, c’est d’abord l’autre, le différent. Toutefois, la différence ne suffit pas à le caractériser. Car, si autrui est un autre que moi, il est aussi, et en même temps mon semblable. Il est alter ego, c’est-à-dire un autre moi et un autre que moi. Autrui, c’est donc le même et l’autre.
Et, prendre en compte cette spécificité d’autrui, dans la réflexion philosophique, consiste à s’interroger sur cette double structure du même et de l’autre :
1. Du même, c’est-à-dire d’un sujet comme moi.
2. De l’autre, c’est-à-dire, d’un objet qui se situe face à moi, et que je peux, à ce titre, tenter d’étudier.
Je peux, aussi, me prendre moi-même comme objet d’étude. Cela ne veut pas dire que je suis un autre ; mais que l’altérité est dans la structure même de toute construction d’identité.
La philosophie classique n’a guère tenue compte de cette dimension.
Descartes, par exemple, fait du cogito ergo sum (« chaque fois que je pense, cela manifeste que je suis ») la première certitude atteinte par et dans une conscience. La conscience de soi est première chez Descartes, et ne passe pas par l’autre, dont l’existence est d’ailleurs provisoirement mise en doute. Provisoirement, et dans l’ordre des connaissances ; c’est-à-dire, dans une démarche qui va de tout ce que l’on peut remettre en doute vers Dieu. Car, dans l’ordre de l’être, Dieu est bien premier : Il faut bien qu’il me fasse pour que je doute de lui.
Une telle remarque suffirait à montrer que le solipsisme est une attitude philosophique impossible et qu’elle n’existe pas, même chez Descartes, et contrairement à ce que l’on croit.
Seulement, il n’en reste pas moins vrai que les autres hommes ont une place inexistante dans la construction de notre identité.
C’est seulement avec Hegel qu’autrui va devenir essentiel à la constitution de la conscience de soi.
Autrui comme condition de la conscience de soi.
Selon Hegel, la conscience de soi passe par la