Aventure indienne
Pythagore avança quelques pas; il trouve une huître qui bâillait sur un petit rocher; il n’avait point encore embrassé cette admirable loi par laquelle il est défendu,de manger les animaux nos semblables. Il allait avaler l’huître, lorsqu’elle prononça ces mots attendrissants: « Ô nature! que l'herbe, qui est comme moi ton ouvrage, est heureuse! Quand on l'a coupée, elle renaît, elle est immortelle; et nous, pauvres huîtres, en vain sommes-nous défendues par une double cuirasse; des scélérats nous mangent par douzaines à leur déjeuner, et c'en est fait pour jamais. Quelle épouvantable destinée que celle d'une huître, et que les hommes sont barbares! ».
Pythagore tressaillit; il sentit l'énormité du crime qu'il allait commettre: il demanda pardon à l'huître en pleurant, et la remit bien proprement sur son rocher.
Comme il rêvait profondément à cette aventure en retournant à la ville, il vit des araignées qui mangeaient des mouches, des hirondelles qui mangeaient des araignées, des éperviers qui mangeaient des hirondelles.
«Tous ces gens-là, dit-il, ne sont pas philosophes. »
Pythagore,en entrant, fut heurté, froissé, renversé par une multitude de gredins et de gredines qui couraient en criant: « C'est bien fait, c'est bien fait, ils l'ont bien mérité!- Qui? quoi?» dit Pythagore en se relevant; et les gens couraient toujours en disant: