Avons-nous le devoir de faire le bonheur des autres ? En gras: l'idée centrale de chaque partie (intro = le problème; parties = les étapes de l'argumentation ; conclu = la réponse) Le bonheur, but ultime de toute existence humaine, ne semble possible que si tout être humain s'engage sur cette voie. Un bonheur égoïste est en effet contradictoire si l'homme n'est pas simplement un être conscient, mais aussi un être doué de moralité. Si faire son propre bonheur ne peut être un devoir, comme l'a montré Kant en expliquant qu'il faut plutôt s'en montrer digne, alors peut-être est-ce un devoir de faire le bonheur des autres. Supposons donc que faire le bonheur des autres soit un devoir. Sans viser notre bonheur propre, la moralité nous commanderait d'aider autrui afin de régler ses désirs et de les satisfaire pleinement. Mais cette action implique une certaine connaissance de l'autre : que désire-t-il, qui estil au juste ? Or toute conscience présente une altérité irréductible qui exige d'être reconnue comme telle. La connaissance d'autrui est paradoxale : connaître c'est prévoir, mais autrui doit toujours me surprendre. Il existe donc un conflit de devoirs : participer activement à la quête du bonheur d'autrui, sans pour autant aliéner l'autonomie de sa volonté. En effet identifier et canaliser, régler ou sélectionner les désirs d'une autre conscience suppose de ne pas reconnaître l'autre comme sujet singulier, libre et autonome. Mais il est néanmoins possible de distinguer une catégorie de consciences particulières, dont certaines inaptitudes les rendent incapables de faire les choix autonomes qui les engageraient sur le chemin de l'accession au bonheur : c'est le cas des enfants, qu'il faut guider vers l'autonomie. Si faire le bonheur de l'autre est un devoir, c'est que corrélativement, nous devrions trouver un « droit au bonheur » comme droit inaliénable de tout être humain. Les « droits de l'homme » sont un concept selon lequel tout être humain possède des droits