Bac 2011
Faut-il se fier à sa propre raison ?
Corrigé
Introduction
Sapere aude, « ose te servir de ta propre raison » : telle était pour Kant la devise des Lumières. Plutôt que de se soumettre passivement au prestige d’un maître (le
Fameux magister dixit des scolastiques, « le maître a dit ») ou à l’autorité de la chose jugée, ose examiner par toi même ce qu’on te soumet, n’accepte rien sans preuve et défie toi particulièrement de ce qu’on tente de t’imposer comme étant une évidence indiscutable. Ici, la raison se pose comme étant la seule « pierre de touche » (pour reprendre une autre expression kantienne) à même de distinguer le savoir indubitable, et le préjugé cachant mal l’insuffisance de ses fondements – comme l’orpailleur se sert d’une telle pierre pour différencier en un instant l’or véritable du faux. Ne te fie qu’à ta propre raison, n’admets comme vrai que ce que ta raison pourra reconnaître comme tel ; c’estàdire aussi : méfietoi des raisons de croire ceci plutôt que cela, lorsqu’elles te sont fournies toutes prêtes par d’autres.
Si je ne dois me fier qu’à ma propre raison, et non à celle d’autrui, c’est précisément parce qu’autrui a pu luimême se tromper, prendre un préjugé pour un savoir, une erreur pour une vérité. Mais voilà : au moment où il s’est trompé, autrui luimême n’atil pas accordé plus de confiance à sa raison qu’à celles des autres ? Les auraitil écoutés davantage, peutêtre se seraitil épargné un égarement pénible. Toute la difficulté vient ici de ce que chacun de nous est luimême l’autre des autres : s’il faut se méfier des autres parce qu’ils peuvent se tromper, c’est alors que je suis moimême capable d’erreur. Ainsi, lorsque je prétends n’écouter que ma raison, lorsque je prétends que j’ai raison de dire ce que je dis, seraisje le seul et fûtce contre la terre entière, ne feraisje pas mieux de m’ouvrir aux raisons d’autrui, et d’accepter qu’on
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Sujet 13 m’apporte la contradiction ? Ne faudraitil