Bac francais
Oscar
Florilège de poème
Sur
La guerre
Après la bataille
Mon père, ce héros au sourire si doux, Suivi d’un seul housard qu’il aimait entre tous Pour sa grande bravoure et pour sa haute taille, Parcourait à cheval, le soir d’une bataille, Le champ couvert de morts sur qui tombait la nuit. Il lui sembla dans l’ombre entendre un faible bruit. C’était un Espagnol de l’armée en déroute Qui se traînait sanglant sur le bord de la route, Râlant, brisé, livide, et mort plus qu’à moitié. Et qui disait: ” A boire! à boire par pitié ! ” Mon père, ému, tendit à son housard fidèle Une gourde de rhum qui pendait à sa selle, Et dit: “Tiens, donne à boire à ce pauvre blessé. ” Tout à coup, au moment où le housard baissé Se penchait vers lui, l’homme, une espèce de maure, Saisit un pistolet qu’il étreignait encore, Et vise au front mon père en criant: “Caramba! ” Le coup passa si près que le chapeau tomba Et que le cheval fit un écart en arrière. “Donne-lui tout de même à boire”, dit mon père.
Victor Hugo
Le Cauchemar
Vers le vide il se précipite, cet homme dans les rues de cette ville sans nom
Sous un ciel rouge de flammes, de bruits il ne s’arrête pas pour regarder autour de lui il n’a pas le temps
Un cri, «tourne vite non, pas par-là vite! rejoins les autres, quels autres?»
Tête basse, il suit les lignes il suit son ombre ne voyant même pas les bâtiments sur le coté
Il n’entend que cette voix qui lui dit «cours, vas-y, plus vite»
Le son d’acier qui frappe les murs frappe encore dans sa tête Est-ce qu’ils sont là? il ne le sait pas
Il continue comme une bête c’est le renard coincé par des chiens qui veulent le déchiqueter Il a peur
Il entre vite dans le jardin les arbres le soulagent ils filtrent la lumière éclatante, éblouissante L’herbe mouillée lui fait penser à des jours plus tranquilles