Baccalauréat français
Texte A
Phèdre
Acte deuxième
IsmèneMadame, je le crois.AricieL'insensible Hippolyte est−il connu de toi ?Sur quel frivole espoir penses−tu qu'il me plaigne,Et respecte en moi seule un sexe qu'il dédaigne ?Tu vois depuis quel temps il évite nos pas,Et cherche tous les lieux où nous ne sommes pas.IsmèneJe sais de ses froideurs tout ce que l'on récite ;Mais j'ai vu près de vous ce superbe Hippolyte,Et même, en le voyant, le bruit de sa fiertéA redoublé pour lui ma curiosité.Sa présence à ce bruit n'a point paru répondre :Dès vos premiers regards je l'ai vu se confondre ;Ses yeux, qui vainement voulaient vous éviter,Déjà pleins de langueur ne pouvaient vous quitter.Le nom d'amant peut−être offense son courage ;Mais il en a les yeux, s'il n'en a le langage.AricieQue mon coeur, chère Ismène, écoute avidementUn discours qui peut−être a peu de fondement !O toi qui me connais, te semblait−il croyableQue le triste jouet d'un sort impitoyable,Un coeur toujours nourri d'amertume et de pleurs,Dût connaître l'amour et ses folles douleurs ?
Texte B
La princesse de Clèves
Tome premier
Ce prince aimait le commerce des femmes, même de celles dont il n'était pas amoureux : il demeurait tous les jours chez la reine à l'heure du cercle, où tout ce qu'il y avait de plus beau et de mieux fait, de l'un et de l'autre sexe, ne manquait pas de se trouver. Jamais cour n'a eu tant de belles personnes et d'hommes admirablement bien faits ; et il semblait que la nature eût pris plaisir à placer ce qu'elle donne de plus beau dans les plus grandes princesses et dans les plus grands princes.Mme Élisabeth de France, qui fut depuis reine d'Espagne, commençait à faire paraître un esprit surprenant et cette incomparable beauté qui lui a été si funeste. Marie Stuart, reine d'Écosse, qui venait d'épouser M. le Dauphin, et qu'on appelait la reine dauphine, était une personne parfaite pour l'esprit et pour le corps ; elle avait été élevée à