Balazac, la dette
–À propos, avez-vous lu tout Balzac ? Quel homme ! Je le relis en ce moment. Il écrase tout le siècle. Victor Hugo et les autres – pour moi – s’effacent devant lui. Je médite un volume sur Balzac, une grande étude, une sorte de roman réel. 1
On s'interrogera longtemps sur ce que peut être une étude en forme de « roman réel ». Mais on observera surtout que Zola a toujours à la fois annoncé et reporté sa « grande étude » balzacienne. Comme l'indique cette lettre à Valabrègue, il lit intensément Balzac entre 1867 et 1872, au moment crucial de l'écriture de Thérèse Raquin, du projet des Rougon-Macquart et de la conception des deux romans inauguraux de la série, La Fortune des Rougon et La Curée. Du même coup, il évoque presque une dizaine de fois Balzac dans ses critiques littéraires de l'époque : d'abord dans l'important article paru dans Le Rappel le 13 mai 1870 où il clame « Balzac est à nous ! 2 », ensuite dans les sept ou huit comptes rendus qu'il donne à La Cloche, La Tribune ou Le Gaulois à propos de la réédition en vingt-quatre volumes in-8° de La Comédie Humaine chez Michel Lévy, ou encore en 1872 dans un article où il médite sur la destruction économique du roman par le journalisme en déclarant crânement : « Moi, je me suis mis à l’ombre, et je relis Balzac 3 ». Or toujours Zola prévient : « Je n'ai pas voulu écrire une étude sur La Comédie humaine 4 », « Je n'entends pas faire une étude sur Balzac 5 ». Et en 1881 même, lorsqu'il ouvre Les Romanciers naturalistes, il doit « [s'] excuser de donner sur Balzac une étude absolument indigne de lui » 6 : il lui faudrait en effet soit « décapiter [son] livre en omettant Balzac », soit livrer une pure et simple « compilation faite avec sa correspondance » sans étudier le « romancier », pages auxquelles Zola se résout en définitive, « pour qu'elles marquent au moins, à notre tête, au sommet, la glorieuse place du père de notre roman naturaliste ». Un père encombrant, un « maître