ecriture d'invention

Cela faisait un moment que le spectacle des Bouffons avait commencé. J’étais assis au troisième rang, accompagné par madame de Nucingen. Mon regard s’était profondément fixé sur l’un des Bouffons ; je le regardais machinalement, en me remémorant de mon passé. Etais-je peut-être aussi drôle, lors de ma première visite chez madame de Restaud. Je n’avais pas de repère, j’étais maladroit, ridicule, et bien même aussi comique que ce Bouffon. J’étais si petit, rempli d’espoir et de folles espérances que je n’apercevais point les obstacles qui allaient apparaître petit à petit sur mon chemin, et que la route dont je pensais être droite était en faite un réel labyrinthe. J’étais trop naïf et ignorant face au monde social. Je rêvais de m’introduire dans la haute société parisienne. Je me souviens de ces regards malicieux ainsi que des moqueries insupportables me mettant fort mal à l’aise, et m’ayant fait comprendre mon infériorité sociale dès mon arrivé. Je ne donnais aucun sens à ces railleries inutiles et infructueux. Je compris à quel point le regard et les paroles pouvaient atteindre une personne, et modifier complètement son humeur. Si bien que j’eusse compris que je n’étais pas le bienvenu chez la comtesse, ma rage froide et ma volonté de triompher m’empêchaient de quitter ce lieu que j’observais avec une immense attention ; la richesse y régnait. J’étais sûr de ne point m’en aller avant d’avoir résolu le mystère du Père Goriot, que j’avais vu sortir de chez elle. La tentation de l’apprentissage ainsi que ma passion envers madame de Restaud m’avaient envahi. C’est également pour cela que je ressentais une haine violente pour ce jeune homme suspect, Maxime de Trailles. Quelle idée avais-je eu de me présenter chez madame de Restaud sans même l’avoir prévenu ! Cependant, je ne le regrettais point. Au contraire j’étais jaloux, furieux, et considérais De Trailles en tant que rival. Tout allait mal, j’avais l’impression d’un véritable échec jusqu’à