Banu Georges Cerisaie
Gérard de Nerval
Déroutes aimées qui ne dirigent pas vers leur destination.
René Char
Représentations de La Cerisaie,
« porteuses d’une métaphore particulière ou d’un discours inédit sur le « complexe du verger ». »
« « les cathédrales du sens » que sont les grands spectacles, selon Vitez. »
« Les « punctum » qui résistent au temps, comme dirait Barthes. »
p.12
La Cerisaie ou la vie sans réponse. L’insolvabilité du domaine annule toute solution rationnelle, et seul un miracle, comme celui espéré par Varia, aurait pu résoudre le conflit car ici il s’agit d’un double sauvetage : sauver économiquement les maîtres sans sacrifier ce qui, symboliquement, les justifie : la cerisaie. Lopakhine s’avère inapte à apporter la réponse au complexe du verger dans la mesure où, justement, il ne parvient pas à comprendre le lien inextricable des plans, économique et symbolique. L’issue économique, si l’on adopte sa stratégie, les maîtres l’ont compris, entraîne la faillite du symbolique… La Cerisaie est un nœud, nœud gordien où la radicalité du coup d’épée envisagé échoue dans la mesure où elle entraîne la destruction du symbolique et consacre l’avènement de la logique marchande. Triomphe de Lopakhine au prix de la déroute de ces êtres qu’il a voulu aider sans pouvoir y parvenir : le double sauvetage s’avère illusoire. p.12
Et son échec afflige autant les vieux maîtres que le nouveau maître, car ils formaient ensemble un réseau où l’affectivité l’emportait sur la rivalité de classe. L’originalité provient de là, de cette absence de conflit… Le 22 août, l’économique, en chassant le symbolique, symptôme des temps modernes, sépare à jamais les deux mondes et confirme que la vente aux enchères ne résout pas vraiment le complexe du verger, équivalent dramaturgique de la quadrature du cercle. Lopakhine sera meurtrier malgré lui, car par la réponse qu’il apporte à l’énigme il tue, au croisement des deux