bardamuse
Ce texte se situe en d�but du roman lorsque le h�ros, Ferdinand Bardamu qui s'est engag� sur un coup de t�te lors d'un d�fil� militaire � Paris, se retrouve plong� brutalement dans l'horreur de la premi�re guerre mondiale. Le texte offre � la fois un bon aper�u du style de C�line et aussi l'essentiel de ses id�es sur la guerre.
Moi d'abord la campagne, faut que je le dise tout de suite, j'ai jamais pu la sentir, je l'ai toujours trouv�e triste,�avec ses bourbiers qui n'en finissent pas, ses maisons o� les gens n'y sont jamais, et ses chemins qui ne vont nulle part. Mais quand on y ajoute la guerre en plus, c'est � pas y tenir. Le vent s'�tait lev�, brutal, de chaque c�t� des talus, les peupliers m�laient leurs rafales de feuilles aux petits bruits secs qui venaient de l�-bas sur nous. Ces soldats inconnus nous rataient sans cesse, mais tout en nous entourant de mille morts, on s'en trouvait comme habill�s. Je n'osais plus remuer.
Ce colonel, c'�tait donc un monstre! A pr�sent, j'en �tais assur�, pire qu'un chien, il n'imaginait pas son tr�pas! Je con�us en m�me temps qu'il devait y en avoir beaucoup des comme lui dans notre arm�e, des braves, et puis tout autant sans doute dans l'arm�e d'en face. Qui savait combien, Un, deux, plusieurs millions peut-�tre en tout? D�s lors ma frousse devint panique. Avec des �tres semblables, cette imb�cillit� infernale pouvait continuer ind�finiment... Pourquoi s'arr�taient-ils? Jamais je n'avais senti plus implacable la sentence des hommes et des choses.
Serais-je donc le seul l�che sur la terre? pensais-je. Et avec quel effroi!... Perdu parmi deux millions de fous h�ro�ques et d�cha�n�s et arm�s jusqu'aux cheveux? Avec casques, sans casques, sans chevaux, sur