Barthes, jouets
En d’autres termes, le jouet, malgré sa « signification » adulte, se voit souvent détourné, réinventé, réinvesti d’une nouvelle fonction par l’enfant : l’enfant, sous l’impulsion de son imagination, vide l’objet de son sens adulte et s’appuie sur ses formes, ses couleurs, son aspect pour en faire la pièce d’un puzzle qui prend place dans sa propre construction imaginaire, totalement ou partiellement indépendante de la réalité adulte. Encore une fois, plus les messages scolaire, parental et institutionnel, auront imprégné la pensée de l’enfant, plus celui-ci usera du jouet conformément au sens que les adultes lui auront conféré.
Par conséquent, même si le jouet, comme le dit Barthes, est pour l’adulte un instrument « d’embourgeoisement » de l’enfant, la faculté imaginative de ce dernier sera souvent à même de l’intégrer dans un autre champ sémiologique complètement étranger aux « ressorts de la causalité adulte ». Ainsi, lorsqu’un enfançon promène un camion rouge dans les airs à bout de bras et que son père s’en étonne : « Mais les camions ne volent pas, tu le sais ! », l’enfant se voit alors obligé de lui rappeler avec