Baudelaire : les fleurs du mal (1856)
D'emblée le lecteur est saisi par le caractère éminemment métaphorique de ce texte. Au lieu d'analyser la musique qu'il écoute, Baudelaire nous la donne à entendre par le rythme et les sonorités, et à voir, à travers l'image filée du flot musical qui l'emporte. Le comparé « la musique » n'est nommément présent que dans le titre et l'incipit. Tout part ici de la sensation auditive, comme dans « Parfum exotique » la vision naît d'une sensation olfactive.
Un texte entretient toujours un dialogue avec son titre-annonce, désignation, programme-, aussi gardons-nous l'idée de musique à l'esprit tout au long du texte, même si Baudelaire, par le jeu des synesthésies (les couleurs, les parfums et les sons se répondent), semble nous emmener bien loin du domaine des sons. Le comparé « la musique », disparaît au profit du comparant « la mer », l'audition du morceau de musique devenant un voyage en voilier avec toutes ces vicissitudes. A partir du second vers la métaphore filée est presque in absentia tant la référence directe à la musique disparaît.
Il est probable que Baudelaire s'inspire ici de la musique de Wagner qui redonna une grande importance à l'orchestre tout au long de ses opéras prenants et envoûtants comme l'océan. Dans une de ses lettres au