Baudelaire servante au grand coeur
Très impressionné par l'enthousiasme et le lyrisme des romantiques, fervent lecteur et admirateur de Victor Hugo, Baudelaire tente d'ouvrir une nouvelle voie poétique. Il s'engage dans une réflexion rigoureuse et approfondie sur les fonctions de la poésie. Ainsi fonde-t-il cet art nouveau et moderne qui repose sur une combinaison entre le romantisme et le formalisme. Son grand recueil poétique Les Fleurs du Mal publié en 1857 et sur lequel il a travaillé pendant plus de dix ans révèle l'originalité de l'entreprise poétique de Baudelaire qui fut peu reconnue au moment de sa publication si ce n'est par de jeunes poètes encore mal connus comme Verlaine ou Mallarmé. Pour les autres, ces poèmes dérangent et choquent et Baudelaire se voit condamné et obligé de retirer certaines pièces. Le poème LXIX « La servante au grand coeur » est extrait de la première section des Fleurs du Mal intitulée « Spleen et idéal ». Ce poème, à la structure simple, donne l'occasion à Baudelaire d'évoquer le souvenir de deux figures féminines marquantes de son enfance : celui de sa servante disparue et celui de sa mère. Il ne se limite toutefois pas à ce seul enjeu autobiographique et épidictique et le dépasse en développant une réflexion lyrique sur la mort. Ainsi, nous étudierons dans un premier temps les résonances autobiographiques de ce poème aux accents lyriques pour développer ensuite la méditation sur la condition humaine.
Dans une évocation lyrique Baudelaire lève un voile sur son enfance. Ce poème frappe d'abord par la simplicité de sa forme : il se compose en effet de deux strophes, une de 14 vers et l'autre de 8 vers, écrites en alexandrins dans un système de rimes suivies. Volonté semble-t-il de faire simple pour donner à entendre la plainte sincère du poète. Mais le « je » ici se veut discret et devient un « nous » qui relie Baudelaire à sa mère. Toute la première strophe est