Baudelaire l'héautontimorouménos
A J.G.F
Je te frapperai sans colère
Et sans haine, comme un boucher,
Comme Moïse le rocher !
Et je ferai de ta paupière,
Pour abreuver mon Saharah,
Jaillir les eaux de la souffrance.
Mon désir gonflé d'espérance
Sur tes pleurs salés nagera
Comme un vaisseau qui prend le large,
Et dans mon cœur qu'ils soûleront
Tes chers sanglots retentiront
Comme un tambour qui bat la charge !
Ne suis-je pas un faux accord
Dans la divine symphonie,
Grâce à la vorace Ironie
Qui me secoue et qui me mord ?
Elle est dans ma voix, la criarde !
C'est tout mon sang, ce poison noir !
Je suis le sinistre miroir
Où la mégère se regarde.
Je suis la plaie et le couteau !
Je suis le soufflet et la joue !
Je suis les membres et la roue,
Et la victime et le bourreau !
Je suis de mon cœur le vampire,
- Un de ces grands abandonnés
Au rire éternel condamnés,
Et qui ne peuvent plus sourire !
Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire • Œuvres :
« Le voyageur contemplant une mer de nuages »
Caspar David Friedrich
Huile sur toile, 1827-1817, 98,4 cm x 78,8 cm
-Descente crescendo dans le sombre du haut vers le bas, qui permet d'exprimer une certaine tristesse.
-Un personnage qui semble désorienté devant cette immensité, il est représenté de dos et surplombe cette mer de nuage seulement il est bien peu de chose face à la beauté et la violence du paysage.
-Nous avons un point de vue externe à la scène car le personnage lui-même n'est qu'acteur de la scène.
-Nous pouvons penser que ce paysage constitué de cette mer mouvementée de nuages est l'image de son esprit torturé par la mélancolie et la violence qu'il contemple avec désespoir, il est démuni.
-Le thème de l’eau de l’espace marin est également présent dans le poème.
Fichier audio, de source Youtube : http://www.youtube.com/watch?v=1lCnLXGAPxI&feature=player_detailpage L'héautontimorouménos – Jean Louis Murat et Morgane Imbeaud, reprise de l'artiste Léo Ferré