Baudelaire.
Et l’obscure Ennemie qui nous ronge le cœur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie !
Baudelaire : L’ennemi
Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis,
Renaitront ils d’un gouffre interdits a nos sondes,
Comme montent au ciel mes soleils rajeunis
Apres s’être laves au fond des mes profondes ?
-O serments ! O Parfums ! O baisers infinis !
Baudelaire : Le Balcon
Je suis belle et j’ordonne
Que pour l’amour de moi vous n’aimiez que le beau.
Je suis l’Ange Gardien, la Muse et la Madone .
Baudelaire : XLII
De sa fourrure blonde et brune
Sort un parfum si doux, qu’un soir
J’en fus embaumé, pour l’avoir
Caressée une fois, rien qu’une.
Baudelaire : Le chat II
Aimer a loisir,
Aimer et mourir.
Les soleils mouillés
De tes ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traitres yeux,
Brillant a travers leurs larmes.
La, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, Calme et volupté.
Baudelaire : L’invitation au voyage
Pouvons-nous étouffer le vieux, le long Remords,
Qui vit, s’agite et se tortille,
Et se nourrit de nous comme le ver des morts,
Comme du chêne la chenille ?
Pouvons-nous étouffer l’implacable Remords ?
Dans quel philtre, dans quel vin, dans quelle tisane,
Noierons-nous ce vieil ennemi,
Destructeur et gourmand comme la courtisane,
Patient comme la fourmi ?
Dans quel philtre ? – Dans quel vin ? – Dans quelle tisane ?
Peut-on illuminer un ciel bourbeux et noir ?
Peut-on déchirer des ténèbres
Plus denses que ka poix, sans matin et sans soir,
Sans astres, sans éclairs funèbres ?
Peut-on illuminer un ciel bourbeux et noir ?
Un être, qui n’était que lumière, or et gaze,
Terrasser l’énorme Satan ;
Mais mon cœur, que jamais ne visite l’extase,
Est un théâtre où l’on attend
Toujours, toujours en vain, l’Etre aux ailes de gaze !
Baudelaire : L’irreparable
Mon cœur est un palais fletri par la cohue ;
On s’y soul, on s’y tue, on s’y prend