LES PARADOXES
DU

PEUPLEMENT
Pourquoi, alors que les milieux physiques sont peu différents, observe-t-on 1 000 habitants au kilomètre carré à Java et seulement cinq à Bornéo ? Pourquoi la pampa argentine, au climat et aux sols si favorables, est-elle un espace vide ? Pourquoi, contrairement à la Chine, les montagnes du Japon n’ont-elles pas été défrichées ? À lire l’histoire du peuplement de la Terre, la notion de « ressource naturelle » perd singulièrement de son importance. La Recherche : « Le monde est très largement vide » : voilà une affir-

mation de géographe qui peut surprendre, si l’on se souvient que la population mondiale a franchi le cap des 6 milliards d’individus en
2000 !

Guy Baudelle : Six milliards d’habitants, c’est un chiffre apparemment élevé, mais, en réalité, il ne l’est pas tant que ça : aux normes de densité du métro parisien par exemple, comme l’observe malicieusement le géographe Roger Brunet, toute la population mondiale tiendrait dans le territoire de Belfort ! Plus sérieusement, la population actuelle correspond à une densité globale faible : 46 habitants au kilomètre carré, hors Antarctique, soit la densité de pays comme l’Équateur ou le
Burkina Faso. Ce qui doit plutôt surprendre, c’est la très grande inégalité de la répartition de la population.
L.R. Quels sont les contrastes majeurs observés dans le peuplement de la Terre ?
G.B. Le premier s’observe déjà entre l’hémisphère Nord et l’hémisphère
Sud : seul un dixième de la population mondiale habite l’hémisphère austral. Une des raisons de cette forte disparité, c’est simplement l’inégalité de la distribution des parties terrestres du Globe, l’hémisphère sud étant aux trois quarts océanique. Un autre contraste majeur est observé entre l’Ancien Monde, où vivent aujourd’hui 17 humains sur 20, et le Nouveau Monde, c’est-à-dire les Amériques. La population de l’Ancien Monde est essentiellement concentrée dans trois grands foyers : le foyer d’Asie orientale – Chine, Japon, Corée –, le