Beaumarchais Figaro acte V scène 3
Dans Le Barbier de Séville (1775), Figaro a aidé le comte Almaviva à obtenir la main de Rosine. L’action du Mariage de Figaro se situe trois ans plus tard. Le Comte, lassé de la vie conjugale, veut obtenir les faveurs de Suzanne, femme de chambre de la Comtesse et promise à Figaro, devenu valet de chambre du comte. Figaro, croyant que sa fiancée a accordé un rendez-vous à son maître leur jour même de leurs noces, se cache pour les surprendre. Il laisse libre cours à ses émotions dans un célèbre monologue :
FIGARO, seul, se promenant dans l'obscurité, dit du ton le plus sombre : […] Non, monsieur le Comte, vous ne l'aurez pas... vous ne l'aurez pas. Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie !... Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! Qu'avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. Du reste, homme assez ordinaire ; tandis que moi, morbleu ! perdu dans la foule obscure, il m'a fallu déployer plus de science et de calculs, pour subsister seulement, qu'on n'en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes : et vous voulez jouter... On vient... c'est elle... ce n'est personne. – La nuit est noire en diable, et me voilà faisant le sot métier de mari, quoique je ne le sois qu'à moitié ! (Il s'assied sur un banc.) Est-il rien de plus bizarre que ma destinée ? Fils de je ne sais pas qui, volé par des bandits, élevé dans leurs mœurs, je m'en dégoûte et veux courir une carrière honnête ; et partout je suis repoussé ! J'apprends la chimie, la pharmacie, la chirurgie, et tout le crédit d'un grand seigneur peut à peine me mettre à la main une lancette1 vétérinaire ! – Las d'attrister des bêtes malades, et pour faire un métier contraire, je me jette à corps perdu dans le théâtre : me fussé-je mis une pierre au cou ! Je broche2 une comédie dans les mœurs du sérail. Auteur espagnol, je crois