Becker
Il s’agit ici de définir les catégories de « outsider », de « déviance » et de « norme » de manière à expliciter l’objet d’étude de Becker et le cadre théorique dans lequel s’inscrit son travail.
Un outsider désigne dans une première acception un individu supposé avoir transgressé une norme, et donc considéré comme étranger au groupe social dans lequel cette norme est véhiculée. Cependant, l’individu étiqueté comme étranger peut ne pas accepter la norme selon laquelle on le juge. Il en découle un second sens du terme : le transgresseur peut estimer que ses juges sont étrangers à son monde et sont donc eux-mêmes des outsiders.
La définition de la déviance est fonction des groupes sociaux ; tous les groupes ne nomment pas déviance les mêmes comportements. Ceci doit nous amener à poser que « les phénomènes de déviances lient étroitement la personne qui émet le jugement de déviance, le processus qui aboutit à ce jugement et la situation dans laquelle il est produit. »
Cette compréhension de la déviance s’oppose à plusieurs types de définition du phénomène. Tout d’abord la conception la plus simple de la déviance est surtout statistique : est déviant ce qui s’écarte de la moyenne. Mais cette définition laisse de coté la notion de transgression qui est au cœur de la sociologie de la déviance. La conception de la déviance produit d’une analogie médicale définit la déviance comme quelque chose d’essentiellement pathologique, qui relèverait de la présence d’un « mal ». Dans ce cadre, le comportement d’un homosexuel ou d’un toxicomane est considéré comme le symptôme d’une maladie mentale. Mais la déviance est alors définie indépendamment du jugement qui est porté sur l’acte, puisque celui-ci est considéré comme déviant en lui-même. Plus relativiste, une autre conception sociologique définit la déviance comme un défaut d’obéissance aux normes du groupe. Cette définition est proche de celle de Becker mais elle ne fait pas une place