Beckett, fin de partie
Droits et devoirs
L'analyse proposée par Rousseau paraît claire : l'élaboration du Contrat social s'exerce par la reconnaissance réciproque de droits identiques entre tous les membres du pacte. Il existe alors une exacte corrélation entre droits et devoirs.
1) La corrélation entre droits et devoirs
À chacun de mes droits correspond un devoir pour autrui. Ce que je puis réclamer, un autre me le doit. Ce principe s'avère flagrant dans toutes les obligations pécuniaires, par exemple les pensions alimentaires : les enfants ont le droit de réclamer des subsides à leurs parents, lesquels, en contrepartie, les leur doivent. Le droit forme ainsi un système d’obligations réciproques de personne à personne. En outre, ce que je peux réclamer à autrui en vertu d’un droit, autrui, si détestable ou méprisable qu’il me paraisse, peut aussi me le réclamer avec la même vigueur et le même succès. Par exemple, si mon voisin commet un tapage nocturne, j'ai le droit de le forcer au silence ; mais si, le lendemain, je me rends coupable d'un tapage similaire, mon voisin peut, à son tour, me contraindre à cesser. Ce principe fondamental s'inscrit au fronton de toutes nos mairies : il s'agit de l’égalité. Egalité devant la loi, s'entend : la même loi s'applique à tous ; mais cela n'empêche pas des différences de talents, de fonctions, ou de mérite.
2) Distinction entre droits à et droits de
Cependant, en France, parmi les droits dont je dispose, certains ne correspondent pas à des obligations positives de la part d’autrui. Il convient de distinguer entre "droits à" (compensés par un obligation imputable à autrui - par exemple le droit A une pension alimentaire) et "droits de" (lesquels ne sont pas compensés par une telle obligation personnelle - par exemple le droit DE vote ou le droit DE grève). Ces "droits de" s'énoncent dans la DDHC 1789, texte magistral dont l'étude linéaire s'impose : on brandit les "droits de l'homme" en toutes occasions,