Beckett l'abstracteur
Pascale Casanova.
« Pour rompre avec la signification et le référent, inhérents au langage, Beckett ne travaille pas sur la matérialité sonore du mot ; il est conduit à mettre en cause, les unes après les autres, toutes les conditions de possibilité ordinaires de la littérature, le sujet, la mémoire, l’imagination, la narration, les personnages, la psychologie, l’espace et le temps… sur lesquels repose, sans même que nous le sachions, tout l’édifice historique de la littérature, pour parvenir à l’effacement progressif de ses images dans « la pénombre et le vide ». »
I. Ars combinatoria.
Etude de Cap au pire.
II. Jeunesse et genèse.
Parcours de B. : Dublin, Londres, Paris, l’influence de Joyce, de Dante …
III. Motifs philosophiques.
- B. a passé les années qui ont suivi sa démission du Trinity College (en déc 31) à ne savoir que faire. Echo de cela déb de Godot -> « interrogation très douloureuse et spécifique sur l’écriture à venir, mode d’emploi de l’œuvre beckettienne tout entière à partir de 1945. »
- B. aimait beaucoup le philosophe Geulincx. Idée chez Geulincx de liberté contrainte : par ex si un voyageur est sur un bateau qui l’entraîne vers l’Occident, rien ne l’empêche, lui, de se diriger, dans le bateau, vers l’Orient -> fatalité de Dieu, mais on peut tenter d’y résister (même si en fait on ne peut pas vraiment y résister…) Pgs de clochards de B. inspirés du pg Belacqua de Dante : Belacqua est un pg paresseux et nonchalent, incarnation du principe d’inaction de Geulincx et permet à B. de mettre en sc le principe paradoxal de la liberté sous contrainte.
- Principe imp pour B. de « coïncidence des contraires ». D’où emploi de l’oxymore, figure du Purgatoire (espace d’attente pour Belacqua chez Dante), forme privilégiée du mouvement immobile (qui corresp au mvt relatif décrit par Geulincx ds ex de l’homme sur le bateau : faible marge de libre