Beckett
Marguerite Donnadieu naît en 1914 en Cochinchine française (sud du Viêt Nam). Les bords du Mékong, la chaleur moite, la végétation débordante, le Pacifique – calme apparent, violence absolue – dessinent un paysage pour la jeune fille. Ces premières années laisseront leurs traces indélébiles: les parfums, les saveurs, l'extraordinaire sensualité de l'Asie, les contrastes brutaux (ici l'éden-Cinéma, où la mère joue du piano, là les demeures somptueuses des colons blancs), le cercle de famille, étouffant, terrifiant, avec les deux frères si opposés , la première éducation sentimentale enfin, transgressive déjà, dans les bras de l'amant chinois. Jusqu'à l'adolescence, Marguerite Donnadieu a vécu dans cet Orient extrême, du Viêt Nam à l'Inde, a vécu dans cet Orient extrême, du Viêt Nam à l'Inde.
Marguerite Duras a fait de la “ belle colonie ” indochinoise où elle a vécu jusqu’à l’âge de dix-huit ans, le cadre quasi-exclusif de sa fiction.Pourtant , elle dit toujours : l'histoire [...] de ma vie, elle n'existe pas [...]. Le roman de ma vie, de nos vies, oui, mais pas l'histoire. C'est dans la reprise des temps par l'imaginaire que le souffle est rendu à la vie».
“ Marguerite est une enfant de l’Indochine, écrit Laure Adler. Jusqu’à la fin de sa vie, elle évoquera ses paysages, ses lumières, ses odeurs. Dans cette terre natale dont elle fit le foyer de son écriture, dans cette différence sensorielle qu’elle continuera à cultiver, elle ne cessera jusqu’à sa mort, de se ressourcer