Beckett
Si le décor des pièces de Beckett est intentionnellement minimal et désolé – « route à la campagne, avec arbre », dans En attendant Godot, « intérieur sans meubles » dans Fin de partie, « petite table » à tiroirs dans la « turne » de La Dernière bande, « étendue d’herbe brûlée » dans Oh les beaux jours, les objets en revanche occupent et encombrent abondamment la scène et les personnages. Winnie, dans Oh les beaux jours, « farfouille » avec obstination dans son sac pour en tirer successivement tout un attirail de toilette – une brosse à dents, un tube de dentifrice, un étui à lunettes, une glace à main, un flacon, un bâton de rouge, une loupe, un peigne, une lime à ongles, et même un revolver, une boîte à musique et « tout un bric-à-brac inidentifiable3 ». Krapp, dans La Dernière bande, avant de prononcer un mot, « farfouille » aussi longuement dans ses poches et en sort une enveloppe et un trousseau de clefs, avec lequel il ouvre un tiroir d’où il