Bel ami commentaire composé chap 8
Georges Duroy s'est rendu dans la "villa jolie" à Cannes où l'a appelée d'urgence Mme Forestier bouleversée par l'agonie de son mari. D'abord hanté par le néant, le jeune homme s'installe avec Madeleine dans la chambre funèbre pour veiller le corps du défunt. Mais la présence de la jeune femme transforme l'atmosphère.
Lecture du texte
Il détourna les yeux pour ne plus regarder le cadavre. Mme Forestier, la tête baissée, semblait songer aussi à des choses douloureuses. Ses cheveux blonds étaient si jolis sur sa figure triste, qu'une sensation douce comme le toucher d'une espérance passa dans le coeur du jeune homme. Pourquoi se désoler quand il avait encore tant d'années devant lui ? Et il se mit à la contempler. Elle ne le voyait point, perdue dans sa méditation. Il se disait : " Voilà pourtant la seule chose de la vie : l'amour ! tenir dans ses bras une femme aimée ! Là est la limite du bonheur humain. " Quelle chance il avait eue, ce mort, de rencontrer cette compagne intelligente et charmante. Comment s'étaient-ils connus ? Comment avait-elle consenti, elle, à épouser ce garçon médiocre et pauvre ? Comment avait-elle fini par en faire quelqu'un ? Alors il songea à tous les mystères cachés dans les existences. Il se rappela ce qu'on chuchotait du comte de Vaudrec qui l'avait dotée et mariée, disait-on. Qu'allait-elle faire maintenant ? Qui épouserait-elle ? Un député, comme le pensait Mme de Marelle, ou quelque gaillard d'avenir, un Forestier supérieur ? Avait-elle des projets, des plans, des idées arrêtées ? Comme il eût désiré savoir cela ! Mais pourquoi ce souci de ce qu'elle ferait ? Il se le demanda, et s'aperçut que son inquiétude venait d'une de ces arrière-pensées confuses, secrètes, qu'on se cache à soi-même et qu'on ne découvre qu'en allant fouiller au fond de soi.
Extrait du chapitre 8 de la partie 1 - Bel-Ami -