Berenice
Racine concentre à l'extrême l'histoire trouvée chez Suétone : il fait de Titus un empereur déjà parfait (alors que l'historien latin décrivait la vie dissolue que menait le jeune prince avant la mort de son père, et dont la promesse de mariage à Bérénice n'était qu'un aspect), qui prend la décision de la séparation dans une volonté encore plus grande de perfection. Il montre "les ultimes douleurs de la métamorphose d'un homme en monarque", comme le dit Georges Forestier dans sa biographie de Racine (p. 392).
Rien ne s'oppose en effet au mariage de Titus avec Bérénice... sauf une loi fondamentale de Rome ; la transgresser serait devenir un Néron (cf. Britannicus, IV, 4, la "leçon politique" de Narcisse à Néron) : cet "impératif catégorique", qu'il a accepté en accédant au trône, s'impose à lui de manière absolue. Il ne cède donc pas à un destin extérieur, à une pression sociale ou politique – le Sénat ne dit rien ! – mais à une loi morale, une nécessité interne. "Avec Bérénice, dit encore G. Forestier,