Que nous dit (…) l’expérience ? Elle nous montre que la vie de l’âme ou, si vous aimez mieux, la vie de la conscience, est liée à la vie du corps, qu’il y a solidarité entre elles, rien de plus. → L'expérience, donc le vécu, nous prouve qu'il y a un lien entre la pensée et le corps. (Contrairement à Descartes qui disait que la Pensée est indépendante de toute chose extérieure, Bergson affirme ici que les idées et le physique d'une personne ont un rapport.)Mais ce point n’a jamais été contesté par personne, et il y a loin de là à soutenir que le cérébral est l’équivalent du mental, qu’on pourrait lire dans un cerveau tout ce qui se passe dans la conscience correspondante. → Dans cette première constatation, Bergson n'affirme rien de nouveau. Ce constat de rapport entre pensée et corps, âme et physique, conscience et science, ne signifie pourtant pas que pensée égale corps! Bergson donne pour cela l'exemple du cerveau humain: on ne peut pas voir dans un cerveau ce que pense l'homme. La chose purement matérielle, ce morceau du corps humain, ne permet pas de connaître la chose immatérielle, spirituelle qu'est la pensée humaine.Un vêtement est solidaire du clou auquel il est accroché ; il tombe si l’on arrache le clou ; il oscille si le clou remue ; il se troue, il se déchire si la tête du clou est trop pointue ; il ne s’ensuit pas que chaque détail du clou corresponde à un détail du vêtement, ni que le clou soit l’équivalent du vêtement ; encore moins s’ensuit-il que le clou et le vêtement soient la même chose. → Pour illustrer encore son idée, Bergson a recours à un second exemple, celui du vêtement accroché à un clou. En fonction du mouvement du clou, le vêtement réagit. Dans cette mesure, il dépend du clou. Pourtant, cela ne signifit pas que le corps du clou ait des correspondances avec le corps du vêtement. Un pli dans le clou par exemple ne représente pas un trou dans le vêtement. De plus, le vêtement n'est pas la même chose que le clou. Ils ne se confondent pas